Son dossier central, intitulé « Syndicalisme dans le monde. Modèles et influences », constitue une version abrégée d’une conférence donnée par Jean-Marie Pernot, politiste spécialiste du syndicalisme international, au cours du cycle de conférences organisé en 2022-2023 à l’IHS CGT sur l’histoire des grands modèles syndicaux dans le monde.
Les travailleurs et leurs organisations dans le monde
Jean-Marie Pernot montre bien que la diversité des « modèles » syndicaux s’explique par les contingences de l’histoire : exils et migrations, mais aussi colonisations et occupations militaires qui amènent les puissances occupantes à tenter d’imposer leur modèle syndical aux pays qu’elles occupent – avec des résultats variables – à l’image de l’occupation de l’Allemagne de l’Ouest par les Anglo-Américains.
Les grandes institutions internationales comme l’Organisation internationale du travail (OIT), les Secrétariats professionnels internationaux regroupant sur une base professionnelle des syndicats du monde entier, les organisations syndicales régionales comme la Confédération européenne des syndicats (CES) et les internationales syndicales comme la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Fédération syndicale mondiale (FSM) concourent à diffuser des modalités d’action et des pratiques communes, notamment à travers la formation syndicale.
Pour la défense de la République
Dans la rubrique « Archive », les Cahiers de l’Institut CGT d’histoire sociale publient le compte rendu de l’intervention de Louis Saillant, à l’époque membre du bureau confédéral de la CGT et président du Conseil national de la Résistance (CNR), à la conférence des présidents des Comités départementaux de Libération (CDL) tenue le 28 février 1945 afin de préparer le grand rassemblement à Paris de tous les CDL sous l’égide du CNR pour relancer et élargir le Conseil national de la Résistance.
L’intervention de Saillant s’inscrit dans la préparation de ces États-généraux de la Renaissance française, qui se sont tenus à Paris du 10 au 14 juillet 1945 et ont fait récemment l’objet d’un ouvrage de Michel Pigenet paru aux Éditions du Croquant en 2024.
Gilbert Garrel, président de l’IHS CGT, revient pour sa part sur les réquisitions de la Libération, qui démontrent que la gestion ouvrière a été possible et que son bilan est loin d’être négligeable.
Jérôme Beauvisage revient quant à lui sur l’histoire de la mobilisation du camp républicain – et plus spécifiquement de la CGT – pour « défendre la République par gros temps » : du boulangisme sous la IIIe République au mouvement poujadiste sous la IVe République en passant par le 6 février 1934 et la manifestation des ligues nationalistes à Paris, la défense de la République face aux tentations autoritaires a su rassembler la gauche politique et le mouvement social.
Un dernier article de Marie-Laurence Bertrand s’intéresse au centre Benoît Frachon, le centre de formation confédérale de la CGT, situé à Courcelle-sur-Yvette et à son histoire méconnue. Qui se souvient aujourd’hui, qu’à moins d’un kilomètre du centre Benoît Frachon, Nikita Khrouchtchev a séjourné en 1960, lors de sa visite parisienne, à la villa du Gros Tilleul, l’ancienne auberge-guinguette de Gif-sur-Yvette, propriété du peintre Fernand Léger, mise à disposition du Parti communiste par sa femme après sa disparition ?
Au-delà des syndiqués de la CGT, ce nouveau numéro des Cahiers de l’Institut CGT d’histoire sociale s’adresse à tous les militants du mouvement social qui s’intéressent à l’histoire sociale et à l’histoire ouvrière.