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Elena Dijour/shutterstock
Les enfants martyrs de Riaumont

Bétharram avait une réplique à Liévin

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Mise à jour le 4 juin 2025
Temps de lecture : 3 minutes

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Religion Enfance

Après les révélations de l’affaire de violences sexuelles du collège-lycée Bétharram, d’autres affaires analogues ressurgissent. Exemple, dans le Pas-de-Calais, avec le pensionnat de Riaumont, à Liévin, géré par une communauté catholique intégriste.

Le scandale avait fait l’objet d’un livre-enquête de la journaliste Ixchel Delaporte, « Les enfants martyrs de Riaumont », paru en 2022. La chaîne Arte a réalisé un documentaire que l’on peut voir jusqu’au 10 juin.

Fondé en 1960 par le père Albert Revet pour accueillir des enfants en difficulté, ce centre regroupant des scouts intégristes en rupture avec Vatican II et les autres mouvements scouts laïques ou chrétiens a bénéficié pendant plus de 20 ans de l’agrément des ministères. Il a reçu des centaines d’enfants jusqu’à 2019.

Un « homme méchant » rebaptisé « père Crevet »

Dans son édition du 14 juin 2022, Le Monde publiait des témoignages saisissant tels que celui de Bruno, entré au foyer à 6 ans et dont la parole occupe une place centrale dans le livre de Ixchel Delaporte : « Vous n’imaginez pas les ramifications cachées. Ils ont le bras long. Ils ont des soutiens très haut placés. Si vous saviez le nombre de familles d’aristocrates et de riches entrepreneurs de la région que j’ai vues passer tous les dimanches à la messe à Liévin. Nous, les enfants pauvres du Nord, nous étions une jolie petite vitrine charitable, nous étions leurs pauvres ».

Maurice, un autre témoin, se rappelle, au sujet du père Revet : « J’ai le souvenir d’un homme méchant. Un peu trop pour un homme d’Église, parce que, quand on s’occupe d’enfants dans la détresse, les bases du christianisme, c’est plutôt l’amour, la compassion, la bienveillance, la chaleur. Je ne trouvais pas ça au niveau du père Revet. » « D’ailleurs, on l’appelait le père Crevet », ajoute-t-il. Le château fort du village de Riaumont porte, lui aussi, les stigmates de ces maltraitances. « Pour ce qui est des travaux, je peux vous affirmer que j’ai construit Riaumont de mes mains. À 13 ans, je faisais le boulot d’un terrassier de 30 ans », affirme ainsi Djamal.

Timides mesures

Le pensionnat continue à exister depuis 45 ans. À plusieurs reprises, des enseignants qui accueillaient les enfants internes à la Communale ou au collège de Liévin ont essayé en vain de contacter leur hiérarchie. Un inspecteur d’académie chargé de l’enseignement primaire à Liévin a, lui aussi, tenté vainement d’intervenir. Comme l’indique Bruno, les complicités sont multiples et aux fêtes annuelles du centre, notables et riches bourgeois se pressaient, fermant les yeux sur les dysfonctionnements graves et les sévices nombreux.

En janvier de cette année, le préfet a pris de timides mesures sans décider de fermer définitivement ce centre où se rassemblent encore périodiquement des scouts encadrés par des responsables intégristes, proches du FN et du RN… Jusqu’à sa mort, Jean-Marie Le Pen fut un donateur généreux de Riaumont…

Retrouvez Les enfants martyrs de Riaumont sur Arte
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